Dr. FOX, MÉDECIN·E NON CONVENTION·É
C’est l’automne, presque. Les rayons du soleil traversent les canopées qui cet été, encore, étaient impénétrables, les premières curieuses chutent, incertaines et belles, le vert jaunit, rougit, il se craquelle et se renfrogne, bref il devient tout sauf vert. Excellente époque pour l’errance, pour l’émerveillement solitaire et silencieux, en même temps que son masque déclinant, la nature porte celui de la sagesse. Mais pour les malheureux.ses à la ville, déjà de retour, c’est-à-dire l’écrasante majorité, nous avons pensé à vous ! Venez consulter le Dr. Fox, ce samedi 7 septembre. Une consultation sous le signe du soin et du bien-être, dans son acception large. Le mystérieux Dr. Fox n’est pas adepte de « médecine rationnelle » ou « conventionnelle », celle qui traque les symptômes et agit en conséquence, mais d’une pratique, disons plus holistique. Il ne distingue pas le corps de l’esprit, il n’attend pas nécessairement la douleur ou la souffrance pour exercer, et fonde sa pratique sur l’élargissement de la conscience et la recherche des équilibres, avec la nature, soi-même, les autres, le cosmos. Magnétisme, chamanisme, hypnose ou médiumnité, tou.te.s les artistes exposé.e.s et invité.e.s à réaliser des performances dans son cabinet, expérimental mais pas charlatan, nourrissent leurs œuvres, dans leur processus, idées ou formes, des savoirs du Dr. Fox.
Nous sommes donc, avec Katia Feltrin et Jeanne Susplugas ravi.e.s de vous inviter, ce 7 septembre 2019, à l’exposition-consultation :
Dr. Fox, Médecin.e non conventionné.e
à
L’Atelier des Vertus
avec
Katia Feltrin (Pontificall Beuys)
Pascal Lièvre
Michèle Magema
Ramuntcho Matta
Myriam Mechita
Côme Di Meglio
Ritual Inhabitual
Jeanne Susplugas
Sarah Trouche
Ouvert du 7 septembre au 12 octobre 2019.
Ouvert vendredi et dimanche 17h30-19h30 & sur rendez-vous.
Performances-consultations, 7 septembre 2019
15h00-16h00 : Ramuntcho Matta, Élargir les possibles
15h30-16h00 : Jeanne Susplugas et Clotilde Ruinart de Brimont & Patrice Tasi, Range moi cette expo
16h00-18h00 : Myriam Mechita et Delphine Raoult, Les nouveaux infinis
18h30-19h00 : Michèle Magema et Marie-France O’Leary, Likuka ya Risiki ou le Mortier de Risiki
« TransitionFOOD, dîners enchantés d’hypnose » de Côme Di Meglio
Dimanche 15, lundi 16, mardi 17 septembre 2019
PAF : 60 €
Lieu : Villa Rose, 84 rue d'Amsterdam, 75009 Paris
Pour s'inscrire, envoyer un mail à come@transitionfood.fr / TransitionFOOD.fr
Lire à propos de ces dîners les articles de Henri Guetteou de Léo Marin.
Note d’intention
« Je suis le blessé et le tué, dit Sophia. Mais je ne suis pas le tué. Je suis celui qui soigne et qui est soigné. »
SIVA, la trilogie divine
Phillip K. Dick, 1980
Elles sont rares les constantes anthropologiques, les phénomènes qui ont caractérisé les humains de tous bords et de tout temps. La souffrance, en tant qu’expérience universelle, tant psychique que physique, a fondé une pratique qui l’est autant, le soin. Prendre soin, c’est étymologiquement retirer la peine. Pure expérience d’empathie, d’altérité et d’amour.
Plusieurs ont vu « l’artiste » - le terme est peut-être trop empreint de connotations occidentales, disons le « faiseur d’image » -, comme un dérivé du chamane, du medecine-man. Parmi les premières images de l’humanité, nombreuses seraient donc celles dont la fonction était de soigner, en habitant un espace magique entre les mondes. Mircea Eliade en avait eu l’intuition, Jean Clotte et David Lewis-Williams ont récemment donné un cadre scientifique à cette intuition, bien que contesté par certains - Les Chamanes de la préhistoire : transe et magie dans les grottes ornées, Seuil, 1997. Pour eux, les hommes préhistoriques allaient dans les galeries souterraines à la rencontre des esprits, cachés derrière les parois des grottes, pour communiquer avec eux, pour soigner.
Mais pourquoi, au XXIe siècle, convoquer cette origine, comme si on repliait l’histoire, pour en joindre les deux bouts ? Parce qu’encore, l’image, et encore plus sa création, gardent la trace de cette aura magique, parce qu’encore des artistes, à travers leur pratique, se soignent eux-mêmes, soignent les autres, et soignent le monde, et peut-être plus particulièrement depuis les années 1970, dans ce creuset de chamanisme, de new age et d’écologie qui a vu l’émergence des Gina Pane, Joseph Beuys et autres James Lee Byars. Parce que le monde, en proie aux errements d’une humanité écartelée entre la perspective de son salut et celle de son extinction, appelle peut-être plus au soin qu’à la virtuosité, qu’au progrès.
Clement Thibault